Publié par : Khun Didi | 21 octobre 2011

Thaï ou farang, « c’est pas le même prix » !

Elle échappe probablement au touriste en visite pour deux à trois semaines en Thaïlande. Et pourtant c’est une réalité ancrée dans le mode de fonctionnement des thaïs. Si vous êtes farang et je dis bien farang, c’est-à-dire étranger de race blanche, vous paierez souvent plus cher nombre de biens et de services. Pour une raison très simple ! Le farang a de l’argent, donc il peut et doit payer plus cher. Ca commence dans la plupart des endroits touristiques, musées, sites historiques, jardins botaniques et même certains temples. L’accès est souvent gratuit pour les thaïlandais et payant pour les farangs. S’il est payant pour les thaïlandais, il sera deux à trois plus cher pour les farangs, voire cinq fois plus dans certains parcs nationaux. La discrimination est systématique, officielle et revendiquée à défaut d’être complètement assumée puisque le prix pour les thaïs est rarement affiché en chiffres romains, donc indéchiffrable pour de nombreux farangs !

 

Le double prix est pratiqué au zoo de Chiang Maï et ses fameux pandas (Photo Pattayadailynews)

Dans plusieurs de ces endroits touristiques, j’ai demandé à voir le responsable pour qu’il m’en explique la raison. Personne n’est jamais venu. Les thaïlandais n’aiment pas la confrontation. J’aimerais juste leur dire que cette discrimination est inappropriée puisqu’elle ne vise pas les riches mais les farangs dans leur ensemble, qu’ils soient riches ou pauvres. Nombre de touristes ont un avis différent. Pour eux, payer quelques centaines de bahts de plus ici et là n’est pas un problème. Soit, mais pourquoi seulement les farangs ? Pourquoi pas les chinois, vu qu’ils sont de plus en plus riches ? Et plus vous acceptez de payer cher, plus les thaïlandais vous considèreront comme stupide.  Plus vous négociez, plus ils vous respecteront !

 

A l’aquarium de Chiang Maï, les enfants farang à la croissance rapide sont doublement pénalisés

Quand un tuk-tuk me demande le triple du prix pour une course, je lui montre mon front et lui dis en langue thaï qu’il n’y a pas écrit « touriste américain ». Il rigole et on finit par s’entendre sur un plus juste prix. Les touristes de passage oublient aussi une chose. De nombreux farangs vivent tout ou partie de l’année en Thaïlande, y ont fondé une famille et ne roulent pas tous sur l’or. Ils se retrouvent souvent dans cette situation ubuesque où ils ne paient pas toujours le même prix que femme et enfants (considérés comme thaïs) pour le même service.

Même pour faire pipi c’est plus cher:)! (Photo Antoni Uni alias Mistifarang)

Une histoire très révélatrice m’est arrivée il y a quelque temps dans un institut d’acupuncture. A l’issue de la séance, le prix demandé était de 500 Baht alors qu’il était de 300 Baht pour les thaïlandais. Mon amie thaï a demandé à la directrice de l’établissement la raison de cette différence. Visiblement préparée à la question, elle a répondu que ses thérapeutes devaient parler anglais pour traiter les farangs et qu’elle avait financé leur formation. Or, la thérapeute qui m’avait été allouée ne parlait pas un mot d’anglais. Ce que mon amie lui fit aimablement remarquer. Prise au dépourvu et à court d’arguments, la directrice s’est adressée à mon amie de façon véhémente, lui reprochant de ne pas aider son pays en se comportant de la sorte. Furieuse, elle a disparu sans nous jeter un regard, enjoignant son assistante de nous faire payer 500 Baht.

Parfois, les explications font sourire. A l’issue d’une séance de massage, un farang qui s’étonnait du prix plus élevé s’est entendu répondre qu’il était plus grand et plus gros que les thaïlandais, ce qui expliquait la différence de prix. Pour une séance de même durée ! Une seule fois, il m’est arrivé de payer moins cher que le tarif farang affiché sans même avoir contesté, seulement parce que j’étais accompagné de mon amie.

Plus l’endroit est touristique, plus la pratique du double prix est répandue. A l’inverse, les endroits moins fréquentés par les touristes peuvent réserver de belles surprises et sont généralement plus authentiques. A Chiang Maï, un petit coiffeur de quartier chez qui je me rends régulièrement me demande 80 Baht (2 euros) pour coupe de cheveux, rasage et massage du cuir chevelu. Le même tarif que pour les thaïs. Je lui donne 100 Baht et lui donnerais volontiers plus mais mon amie m’en défend, y voyant là un comportement de nature inflationniste.

D’une certaine manière, je peux comprendre qu’au touriste farang ne venant pas prier Bouddha on demande un modique droit d’entrée dans certains temples très coûteux à entretenir. Cependant, je pense qu’un système d’offrande à la sortie serait plus rentable et n’aurait pas ce caractère discriminatoire. Pour autant que les visiteurs aient un minimum de générosité. Il y en aura toujours pour se comporter comme des goujats, telle cette vulgaire touriste farang photographiant sous toutes les coutures les musiciens aveugles au marché de nuit et quittant l’endroit en ignorant la boîte à sous. Une petite remarque amicale suffit généralement à faire ouvrir le porte-monnaie !

Khun Didi


Réponses

  1. C’est vrai qu’aux waterfalls de Koh Chang dans un parc national, j’ai eu à payer le prix farang alors que pour la demoiselle majeure m’accompagnant c’était un prix discount. Mais au moins il n’a pas été appliqué une double tarification. Tout compte fait, il y a un certain respect des catégories du public !

    • La « demoiselle majeure » était thaï?

  2. Oui la personne était thaïe ! Ce qui explique mon commentaire à votre article et nous étions pas seuls à faire cette promenade ascensionnelle par un chemin montagneux. Beaucoup de touristes aussi bien asiatiques qu’occidentaux.

  3. Je vis en Thaïlande et ne roule pas sur l or, cependant je comprend cette pratique du double prix. Les Thaïs sont en général plus pauvres que les farangs et cette politique permet a nombre d entre eux de pouvoir visiter des lieux culturels alors que si ils devaient payer le même prix qu un farang cela leur seraient impossible.
    Je vois régulièrement des Chinois, Japonais payer comme des Farangs mais cela dépend du type de lieu a visiter. Pour les temples ils en sont exonérés le plus souvent car eu même Bouddhiste.

    Enfin, pour nous farangs immigres/expats, souvent la simple présentation de son visa + deux trois mots en Thaï et en bonus un collier de Bouddha autour du coup suffisent a être considérer comme un local.

    • Merci pour cette précision qui est tout à fait juste. Les farangs vivant sur place peuvent négocier et souvent avec succès. Cela dit, même les autorités sont moyennement à l’aise avec cette politique du double prix. Souvent interrogée sur le sujet, la TAT (Tourism Authority of Thailand) répond souvent de façon évasive, en disant notamment qu’elle n’encourage pas le double prix mais qu’elle n’a, contrairement à ce que son nom indique, aucun pouvoir de décision. C’est pour le moins ambigu!

  4. Hello Didi,

    it took me a while to get round to reading your post, but I finally did it. I’ve been busy escaping from floods and setting up my new blog: http://www.madeinthai.org/

    I tried reading your post, and did understand the gist of it, but reading a language I hardly understand fried my brain. Still, you have a great blog here. Keep up the good work.

    Ray

    • Hi Ray, good to hear from you and thanks for your nice comments. Hope you have recovered from the flooding. Will come and visit your new site. Cheers! Didi

  5. Et si vous voulez apprendre à déchiffrer ces chiffres indéchiffrables, voici une leçon et un exercice d’apprentissage en ligne : http://cours-thai-toulouse.fr/activites/chiffres-thailandais.php 😉


Répondre à fixebkk Annuler la réponse.

Catégories